19 décembre 2016 | Dave Bookless | 0 commentaires

Obnubilés par le commencement et la fin

Récemment, je me trouvai à Katmandou à parler de la protection de la création à un groupe d’environ 90 responsables chrétiens venant du Népal, d’Inde, du Pakistan, du Sri Lanka et du Bangladesh. Ils étaient très réceptifs à mon message … jusqu’à ce que j’aborde les futurs plans de Dieu pour la création (eschatologie, pour ceux qui aiment le jargon). Sûrement nous nous irons tous au ciel ! Qu’en est-il de l’Enlèvement ? N’y aura-t-il pas une nouvelle création ? La terre ne sera-t-elle pas détruite par le feu ? Il y avait tant de questions que nous avons dû trouver un créneau supplémentaire dans le programme pour une session Questions-Réponses sur la destinée finale de la création et ce que cela implique pour sa préservation.

Le groupe rassemblée pour la conférence sur la protection de la création a Katmandou

Le groupe rassemblée pour la conférence sur la protection de la création a Katmandou

Cette expérience m’a amené à réfléchir sur la façon dont certaines théologies occidentales toxiques (portées plus par le consumérisme et l’individualisme que par les écritures) ont été exportées dans tant de parties du monde (*), et plus profondément, pourquoi certains chrétiens consacrent tant de temps et d’énergie à la question du commencement et de la fin. Tant de ces sempiternelles questions auxquelles A Rocha se retrouve sans cesse confrontée ont trait à ‘Comment le monde a commencé’ (création ou évolution) et ‘Comment se passera la fin du monde’ (destruction ou renouveau).

Pourtant, la Bible ne donne que peu d’informations sur les détails de la création ou les intentions finales de Dieu. Les auteurs bibliques n’étaient pas particulièrement intéressés à savoir comment la terre a été créée ou comment Dieu orchestrera au final toute chose. Ils n’étaient pas des philosophes spéculatifs, des historiens rationnels ou des scientifiques modernes. Ils étaient agriculteurs, poètes et prophètes, ancrés dans les réalités de la vie quotidienne. Ils étaient, et je pense que nous devrions tous l’être, bien plus intéressés à la façon dont le moment présent doit être vécu à la lumière des plans et desseins de Dieu. Selon moi, les principales questions sur lesquelles sont centrés Genèse 1-3 et l’Apocalypse (ainsi que certains passages de Daniel, 2 Pierre et d’autres récits sur ‘la fin des temps’) sont celles-ci :

Ces questions sont avant tout morales, plutôt que philosophiques. Il est intéressant d’observer que les paraboles de Jésus dans Matthieu 25 ne se concentrent pas en priorité sur les détails des plans finaux de Dieu, mais bien plus sur la façon dont nous devrions vivre à la lumière des ces plans. Sommes-nous prêts pour le retour de l’époux (1–13) ? Avons-nous été de bons intendants de ce qui nous a été confié (14–30) ? Traitons-nous les plus vulnérables d’une façon qui honore l’image de Dieu en eux (31–46) ? De premier abord, les implications écologiques de ces interrogations ne sont pas apparentes, mais elles le sont réellement. Garder nos lampes allumées signifie vivre dans la lumière de la souveraineté de Jésus sur toute la création. Si la création a été faite par et pour Jésus, et toutes choses sont maintenues en lui (Colossiens 1:15–17), alors, en permettant  à la nature de s’épanouir, nous mettons en lumière la souveraineté de Jésus.

Les ‘talents’ aux versets 14–20 représentent en fait la richesse matérielle de la création, qu’elle soit sous forme économique ou en espèce, et nous sommes tenus responsables de notre gestion des ressources de la création. Dans la troisième parabole, l’affamé, l’assoiffé et l’étranger, dans lesquels nous devrions voir Jésus aujourd’hui, sont souvent les victimes du changement climatique, de l’insécurité alimentaire, du manque d’eau, de la déforestation et de la désertification. Nous pourrions peut-être même voir dans ‘l’un de ces plus petits’ les autres créatures de la terre, les espèces décimées et poussées à l’extinction à cause de notre ingérence de la bonne création de Dieu.

Alors, la prochaine fois que vous êtes tourmentés par des question sur le comment du début et de la fin de la terre, coupez court et ne vous laissez pas déstabiliser par l’auteur des questions. La Bible semble assez désintéressée de telles questions spéculatives et dans mon expérience, elles sont souvent une excuse pour ignorer la nécessité de changer notre comportement. Tenter de se battre avec des vues créationnistes ou dispensationalistes si arrêtées ne mène généralement nulle part. Il vaut mieux tourner notre regard ailleurs. Jésus a souvent répondu aux questions incongrues en posant une question différente. Essayez de demander, « Si la création existe pour Jésus, comment voudrait-il que nous la traitions ?», ou «Que signifie concrètement de chercher le Royaume de Dieu sur la terre, comme au ciel ?», ou même, «Qu’ai-je fait pour la plus petite des créatures de Dieu ?» Au Népal, nous avons constaté que si nous détournions notre attention des détails de la théologie de la fin des temps pour vivre la souveraineté du Christ ici et maintenant, l’atmosphère s’en trouvait véritablement changée.

Jésus est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité, mais notre devoir est de vivre en le reconnaissant comme Seigneur aujourd’hui, à l’endroit où il nous a placé. Nous pouvons faire confiance à Dieu pour résoudre le reste !

(*) Voir mon post précédent Quel avenir pour la planète Terre ? et pour approfondir le sujet, mon chapitre sur ‘Jesus is Lord … of all?’ Evangelicals, Earthcare, and the Scope of the Gospel (« Jesus est Seigneur … de tous ? Les évangéliques, la protection de la création et la portée de l’évangile ») dans Creation Care in Christian Mission (éd. K Kaoma, Regnum Books, 2015)

Traduction: Valérie Coudrain

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Catégories: Réflexions
Sur Dave Bookless

Dave Bookless : engagé à A Rocha depuis 1997, cofondateur (avec sa femme Anne) d’A Rocha Grande-Bretagne en 2001, il est actuellement Directeur pour la Théologie et les Eglises d’A Rocha International. Auteur et conférencier, il a une passion pour partager les enseignements de la Bible dans les cultures d’aujourd’hui. Il a participé à la rédaction de nombreux livres et a lui-même écrit «Planetwise – Dare to Care for God’s World» et «God Doesn’t do Waste». Il travaille à temps partiel à un doctorat de l’Université de Cambridge sur la théologie biblique et la sauvegarde de la biodiversité. Ayant grandi en Inde, il habite avec sa femme et ses 4 filles à Southall, une banlieue multiculturelle de Londres, où il partage le pastorat d’une église anglicane multiraciale et essaie avec sa famille de vivre de la manière la plus durable possible. Il est aussi ornithologue (bagueur certifié) et aime les oiseaux, les montagnes et les îles.

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